Longtemps enfermé dans une logique de ni guerre ni paix, la situation au Sahara occidental risque de basculer. La violation du cessez-le-feu par Rabat a mis le feu aux poudres.
Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, également secrétaire général du Front Polisario, a signé dans la nuit de vendredi à hier un décret mettant fin à l’accord de cessez-le-feu, violé de fait par l’occupant marocain du Sahara Occidental, après l’attaque militaire menée vendredi de la zone tampon d’El-Guerguerat contre des manifestants sahraouis.
“Après la violation par le Royaume du Maroc, le 13 novembre 2020, de l’accord de cessez-le-feu, en s’attaquant à des civils qui manifestaient pacifiquement devant la brèche illégale” que Rabat a ouvert au niveau d’El-Guerguerat, “Ibrahim Ghali, secrétaire général du Front (Polisario) et président de la République (sahraouie), a publié un décret présidentiel le 13 novembre 2020, selon lequel il annonce la fin de l'engagement au cessez-le-feu que l'occupation marocaine a violé”, lit-on dans le communiqué rendu public hier par la présidence sahraouie.
“Le décret a chargé le commandement d'état-major de l'Armée populaire de libération sahraouie de prendre toutes les mesures et dispositions liées à la mise en œuvre des exigences de ce décret”, ajoute le communiqué, précisant que le président sahraoui “a également mandaté l'Autorité nationale de sécurité, dirigée par le Premier ministre, de prendre les mesures et mesures liées à la mise en œuvre des exigences de l'état de guerre”.
Sur le terrain, “les combats continuent après le forfait accompli par les troupes marocaines à Guerguerat”, a déclaré à l'AFP Mohamed Salem Ould Salek, le chef de la diplomatie de la RASD, sans autre précision.
“L'ONU et l'Union africaine doivent imposer au Maroc le respect scrupuleux de ses propres frontières et celles de ses voisins”, a ajouté M. Ould Salek.
Dans la nuit de vendredi à hier, les forces armées sahraouies ont mené une série d’attaques contre les positions de l’armée marocaine au niveau du mur de sable séparant les territoires occupés des territoires libérés, a indiqué un communiqué du Commissariat politique de l’armée populaire de libération sahraouie (APLS).
“Le secteur de Mahbas a été témoin d'intenses bombardements sur la base n°23, et le secteur de Hawza a également été témoin de bombardements similaires, notamment à la base 4 et à Sunt 71, tandis que le secteur Farisiya n’a pas été épargné par les frappes de nos vaillants soldats”, lit-on dans ce communiqué, précisant que ces raids ont été menés dès le début de soirée de vendredi.
En s’attaquant vendredi à des manifestants pacifiques à El-Guerguerat, et en ouvrant aussi trois autres brèches d’où se sont infiltrés des militaires marocains en civil pour agresser les manifestants sahraouis, le Maroc a violé de fait l’accord de cessez-le-feu, en vigueur depuis 1991, alors que les discussions de paix sont quasiment à l’arrêt depuis plusieurs années, Rabat refusant l’organisation sous l’égide de l’ONU d’un référendum d’autodétermination sur lequel il s’était pourtant engagé avant de se rétracter plus tard.
Bénéficiant du soutien de la France et parfois des Etats-Unis au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, Rabat a réussi jusque-là à maintenir le statu quo, tout en renforçant son contrôle sur les territoires sahraouis occupés, où des manifestants ont encore été sévèrement réprimés vendredi soir après avoir vainement tenté de manifester contre cette violation du cessez-le-feu.