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Le sahara occidental occupé

Le sahara occidental occupé

Actualités sur la guerre du Sahara occidental avec le maroc


Le Sahraoui chante sa fierté

Publié par Hassane A sur 19 Juin 2006, 02:08am

Catégories : #lesaharaoccidental

VIRÉE AU WESTERN SAHARA
A 50oc, le Sahraoui chante sa fierté

Une montagne, mais un symbole de résistance

Chez les sahraouis, ce peuple merveilleux qui croise le fer avec la nature pour vivre digne, nous apprenons surtout la résistance et le plaisir d’être modestes.

Après des heures interminables de vol à bord d’un charter russe, le vrombissement des 4x4 sonne à l’oreille l’entame d’une aventure à destination inconnue. A partir du QG du Polisario à Tindouf, à quelque 1800 km d’Alger, nous commençons notre descente vers les territoires libérés les plus lointains du Western Sahara. Les véhicules, armés de munitions, déchirent impitoyablement l’étendue inestimable du Grand Sahara. Et, après une dernière image d’un camp sahraoui, c’est le désert à perte de vue et quand nos 4x4 s’éloignent, il semble que c’est la vie qui disparaît. Après deux heures de piste et de zigzags sans fin, une seule vue défile sous nos yeux. Et puis, l’obscurité de la douce nuit nous replonge dans un monde aux différentes sensations inexplicables. Le crépuscule tiède s’est retiré tel un chuchotement, laissant battre tout doucement le coeur d’un univers tranquillisant par son étendue et sa quiétude inégale. La lassitude commence à envahir nos corps soumis au rythme de la chair épaisse du sable et du reg. Nous mettons le premier pas dans la profondeur du silence et nous n’attendons que l’arrêt des moteurs pour découvrir le secret qui se cache dans l’ombre bleue des belles nuits sahariennes. Soif, faim, fatigue, secousses, paupières lourdes, même les idées s’évaporent pour n’avoir en l’esprit que la sensation étrange d’un silence originel et une intuition fulgurante.
Nous nous arrêtons au bout de cinq heures de route au lieudit «Tifariti». Au pays où le vent chante l’ocre des terres, nous sommes accueillis par des Sahraouis qui assurent, dans ce bout du monde, la garde sur les territoires libérés. L’heure affiche deux heures du matin, nous faisons inconsciemment connaissance et nous nous sommes jetés machinalement sur des matelas entassés dans une pièce blindée, aménagée contre le froid et la chaleur. Quand la petite matinée, froide et douce, s’abat tranquillement sur ce désert, une nature sauvage caractérisée par un décor sobre, mais d’une forte inspiration se fait connaître. C’est l’une des promesses de ce voyage rafraîchissant au doux parfum d’aventure. Tout au long de la surface qui nous entoure, l’oeil parcourt sans relâche un paysage mêlant reg et sable. Tifariti, cette agréable escale en plein désert, nous salue après un bref déjeuner, suivi d’un thé plaisamment préparé par un Sahraoui, fier de lui et de son identité. Dans ce pays, aujourd’hui flétri et désolé, le premier homme s’est installé depuis 8000 ans, nous raconte Brahim notre guide. D’après les traditions locales, l’on indique que les premiers Sahraouis étaient des Noirs appelés les bafour. Malgré l’hostilité grandissante du climat, de nouvelles vagues de migration eurent lieu au Sahara occidental par le nord, au cours du 1er millénaire av. J.-C. Les nouveaux arrivants étaient des nomades berbères, nous fait savoir aussi Brahim. D’ailleurs, certaines régions du Sahara occidental ont gardé des appellations berbères à l’instar de Tifariti, Azamour et Aghouinit. Les nomades, selon les contes des Sahraouis racontés par Brahim, s’étaient rendus maîtres des principales oasis et des centres marchands des parties nord du désert vers le IXe siècle. Au sud, en plein désert, les principales tribus nomades pratiquent l’élevage de chameaux. Nous reprenons la route vers 9 heures du matin avant que le soleil ne devienne plus méchant.

Le dromadaire et les montagnes qui se parlent

Nos 4x4 ne semblent pas éreintés et foncent à toute vitesse contre cette surface sereine et laissent au passage un nuage de poussière. A l’intérieur, nous discutons de tout et de rien et nous apprenons mille et une histoires sur les mystères du désert. Bendir, l’un de nos chauffeurs, d’un français bien soigné, chose qui est rare chez les Sahraouis, nous raconte ses aventures en plein désert et les mystères de ce paysage à différents visages. Depuis l’existence du premier homme sur cette terre aride, il a été toujours proche de son ami du désert qui est le dromadaire. D’ailleurs, les dessins rupestres du Sahara occidental témoignent de cette relation. D’un large sourire qui se dessine sous sa moustache, Bendir, d’une grande fierté et une amabilité inégale, raconte les récits du dromadaire protecteur de l’homme. Cet animal, d’une intelligence remarquable, ne ménage aucun effort pour mettre son propriétaire à l’abri contre le moindre danger. Celle-ci est l’histoire d’une hyène qui guette un nomade prêt de sa «khaima» et quand le dromadaire avait senti le danger, celui-ci s’accroupit sur ses pattes avant et protège son propriétaire en le mettant entre ses pattes de derrière. Un silence radio fut observé pour laisser l’imagination suivre son cours. Mais, le dromadaire devient si dangereux et rancunier quand son propriétaire se montre ingrat. Il fut un jour, «celle-ci est une histoire véridique», avertit Bendir, un sahraoui s’est toujours comporté méchamment avec son dromadaire.
Celui-ci le surprit un jour et s’est attaqué à lui pour prendre sa revanche. L’homme est décédé à la suite d’une telle attaque pour avoir été ingrat. Car, avant d’être un fidèle compagnon, le dromadaire est avant tout un protecteur et un gardien du troupeau. Le dromadaire gardien ne permet jamais qu’une chamelle de son troupeau soit approchée par un chameau et/ou un dromadaire d’un autre groupe. Dans le cas où cela survienne, la bataille finira sans le moindre doute par la mort du dromadaire aventurier. Cela donne un avant-goût de l’intelligence de cet animal du désert, mais surtout de son rapport «amical» qui le lie à l’homme.

L’Iris et le Zamour

Après un bivouac bien mérité sous un arbre perdu dans le désert, nous roulons à vitesse modérée, car les roues risquent de ne plus pouvoir résister sur une surface rocheuse. Nous arrivons, à la tombée de la nuit, au lieudit M’Rija, où nous nous sommes perdus durant une bonne heure. Nous nous sommes retrouvés. Et, à quelques kilomètres de plus, nous sous sommes installés pour passer la nuit à la belle étoile. Le soir, dans notre camp improvisé, le silence écrasant, infini, est bercé par un vent tiède et sec. On ne s’y trompe pas, le désert est là, aux alentours. Avoir l’esprit de groupe est nécessaire, car à tout instant un danger pourrait se manifester. Certains d’entre nous se sont laissés prendre par la fatigue en s’hypnotisant tôt. D’autres, ayant le ventre sous l’effet de la famine, ont préféré attendre ce qui pourrait tromper la faim. Au matin, prendre le petit déjeuner au-dessus de la plaine désertique était d’une inspiration profonde.
La route qui mène à Ledjouad exigera un dos en parfait état, et des bras musclés pour se tenir aux poignées des 4x4. La piste dure et le paysage qui mène à Ladjouad fut le plus difficile. D’énormes blocs volcaniques gris se sont jetés sur la surface tels des grains de sable en fuite. Entre deux immenses blocs, le commandant de la sixième région militaire, Ahmed Val et d’autres Sahraouis ont construit des abris en se servant des immenses trous que la nature a sculptés sur le dos des collines. Les arbres trouvent le moyen de se frayer un chemin entre les pierres. Un meilleur endroit pour garer les véhicules à l’ombre des 50oc. Dans cet endroit touristique, célèbre par ses dessins rupestres, le son du vent et son écho font parler les montagnes pendant la nuit. «On a l’impression», à entendre l’écho, «que ces blocs se parlent», nous explique Brahim, notre guide. Les montagnes volcaniques de Ladjouad font partie de la région d’Azamour caractérisée par les chaînes de collines et des oueds. Quant à l’autre partie de la terre sahraouie appelée Iris, celle-ci est connue par l’étendue de ses plaines. Après une escale de merveille sous une colline de Ladjouad, il est temps, dans ce périple de repartir sur Aghouinit qui n’est qu’à environ 200 kilomètres de Ladjouad et à 50 Km de la première ville mauritanienne. En cette fin d’après-midi où la fatigue se fait sentir, tout le monde est pressé de vérifier si une douche est permise en plein désert. Ce serait certainement un luxe, mais surtout une nécessité. Chez les Sahraouis, ce peuple merveilleux qui croise le fer avec la nature pour vivre digne nous apprenons surtout la résistance et le plaisir d’être modestes.
Il suffit d’une toute petite étincelle pour goûter à un thé des plus délicieux. Et il suffit aussi de rendre visite à ces gens pour se sentir comblé. Lors de mon premier contact avec ce peuple, dans les camps de réfugiés de Tindouf, je fus surpris de trouver des gens assoiffés de leurs traditions, d’un rythme de vie modeste et simple, mais surtout d’une générosité et un plaisir extraordinaire d’accueillir les visiteurs. Ce peuple s’incarne lui-même à travers sa façon de vivre.
Les femmes, enveloppées dans un long tissu coloré, sont responsables de leurs foyers pendant que les hommes se dressent contre vents et marées pour que les Sahraouis se sentent un jour libres. Sous une température de 50° à l’ombre, ça vaut vraiment le détour pour une autre randonnée chez un peuple qui est, en un mot, fier d’être lui-même.
 Ali TITOUCHE

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